Et si on parlait du quiet quitting ?

Quiet quitting

Il y a fort à parier que vous ayez déjà entendu parler du « quiet quitting ». La « démission silencieuse », en français, est de plus en plus répandue dans la sphère professionnelle. Si l’apparition de ce terme est relativement récente, il suscite déjà des interrogations parmi les acteurs concernés, notamment les managers et les professionnels du recrutement, qui pourraient voir émerger une source potentielle d’angoisse supplémentaire.

Dans ce contexte, le « quiet quitting » émerge comme une nouvelle tendance sur le marché du travail, où l’accent est mis non pas sur la démission en tant que telle, mais sur la minimisation de l’engagement professionnel. Cette pratique gagne en popularité à mesure que les attitudes des travailleurs français envers leur emploi évoluent. Selon une enquête réalisée par l‘Ifop en 2023, bien que 84 % des salariés considèrent le travail comme important, seulement 21 % le jugent « très important », en net recul par rapport aux 60 % enregistrés en 1990.

Le phénomène du « quiet quitting » a notamment été mis en lumière sur TikTok, où le hashtag #quietquitting a accumulé près de 130 millions de vues, s’inscrivant ainsi dans la lignée de la « Grande Démission » observée d’abord aux États-Unis. Mais en quoi consiste réellement cette tendance et quelles sont ses implications pour les entreprises ? Quelles sont les origines de ce phénomène ?

Comprendre le « quiet quitting »

Le « quiet quitting », littéralement traduit par « démission discrète » ou « silencieuse », est une réponse à l’évolution des attentes des salariés, qui aspirent à mieux concilier leur vie professionnelle et leur vie personnelle.

Retour aux origines de la démission discrète

Inspiré par le phénomène du « #TangPing » sur les réseaux sociaux chinois, où les travailleurs défendent ardemment leur droit à une vie équilibrée, le « quiet quitting » représente une réaction contre la culture du surmenage. En Chine, où la pratique du « 9/9/6 » – travailler de 9 heures du matin jusqu’à 9 heures du soir, 6 jours par semaine – prévaut, cette tendance a pris une ampleur significative.
Le président chinois, Xi Jinping, a lui-même réagi contre cette culture du surmenage. Il a souligné que le bonheur et la prospérité collective dépendent d’un équilibre sain entre travail et vie personnelle. Cette prise de conscience a dépassé les frontières et incarne un changement de paradigme mondial dans la manière dont nous percevons le travail et la productivité.

Explication du quiet quitting

Le « quiet quitting » se manifeste par une montée en puissance des salariés déclarant s’impliquer « juste ce qu’il faut » dans leur travail, en d’autres termes effectuer le minimum syndical. Plus que jamais, les travailleurs refusent de faire des heures supplémentaires non rémunérées, de répondre aux sollicitations en dehors de leurs horaires professionnels, ou encore d’assumer des responsabilités qui ne font pas partie de leur description de poste.
Les salariés expriment leur désir de préserver leur bien-être. Cependant, cette tendance n’est pas sans conséquences pour les entreprises. Elle peut entraîner une baisse de motivation, une diminution de la productivité, et même un retrait progressif des employés. Elle limite la communication et la collaboration au strict minimum requis.

Alors que le « quiet quitting » gagne en visibilité et en adhésion, il faut comprendre les motivations qui le sous-tendent et les défis qu’il pose tant pour les employés que pour les employeurs. Nous allons voir justement par la suite pour quelles raisons le quiet quitting se manifeste et les moyens de le gérer en entreprise.

Détecter les causes et signes du quiet quitting

Le phénomène du « quiet quitting » ne surgit pas de nulle part. Il trouve ses racines dans un mélange complexe de facteurs personnels, professionnels et sociétaux. Comprendre ces causes est essentiel pour reconnaître les signes avant-coureurs et intervenir efficacement.

Les différentes causes du quiet quitting

Le désenchantement vis-à-vis du travail est devenu une réalité pour de nombreux collaborateurs, qui se sentent de plus en plus dévalorisés malgré leur investissement. En effet, près de la moitié des salariés estiment ne pas être suffisamment reconnus pour leurs efforts, ce qui peut conduire à une désillusion croissante vis-à-vis de leur carrière.
Les principales motivations qui poussent une personne à chercher un nouvel emploi incluent le manque de reconnaissance, une prise de conscience personnelle, un management inadapté, le besoin d’un projet professionnel significatif ainsi qu’une adéquation insuffisante entre les valeurs personnelles et celles de l’entreprise. Ainsi, un nombre croissant de Français adoptent une approche de « quiet quitting », en refusant les heures supplémentaires et les tâches superflues par exemple.

La crise sanitaire mondiale a également joué un rôle dans l’émergence de cette tendance. Avec l’avènement du télétravail généralisé, de nombreux salariés ont pris conscience des avantages d’une vie professionnelle plus flexible et équilibrée. Cette prise de conscience a incité de nombreux individus à reconsidérer leurs priorités et à remettre en question les normes traditionnelles du travail.

Les signes avant-coureurs du quiet quitting chez les salariés

En tant que manager, vous pouvez reconnaître les signes qui indiquent une possible démission silencieuse chez vos collaborateurs. Voici quelques indicateurs à surveiller :

● un désengagement progressif : les salariés qui quittent silencieusement l’entreprise peuvent montrer un désengagement de leur travail. Ils se retirent progressivement des activités de l’équipe et refusent d’assumer des responsabilités supplémentaires ;

● un respect rigoureux des horaires : ils respectent strictement leurs horaires de travail et refusent généralement de faire des heures supplémentaires non rémunérées. Ils mettent fin à leurs activités professionnelles aussitôt la journée de travail terminée ;

● une perte de motivation : elle se manifeste par une diminution de l’enthousiasme et de l’implication dans les projets professionnels ;

● une fatigue et un épuisement : les collaborateurs en quiet quitting peuvent se sentir épuisés, tant sur le plan physique que mental, en raison de la charge de travail accumulée et du manque de gratifications ;

● un isolement social : ils peuvent également s’isoler socialement et refuser de participer à des activités de cohésion d’équipe en dehors des heures de travail pour éviter les interactions sociales avec leurs collègues ;

● des tensions interpersonnelles : enfin, leur attitude peut engendrer des tensions au sein de l’équipe, surtout si d’autres membres perçoivent leur comportement comme étant contraire à l’esprit de collaboration.

Si vous êtes manager, reconnaître ces signes peut vous permettre d’intervenir rapidement pour soutenir vos collaborateurs et prévenir une dégradation ultérieure de leur bien-être et de leur productivité. En adoptant une approche proactive, les entreprises peuvent atténuer les effets négatifs du quiet quitting et favoriser un environnement de travail plus sain et plus épanouissant pour tous.

Agir en tant que manager face à la démission silencieuse

Que faire une fois que vous avez identifié la pratique du quiet quitting chez un ou même plusieurs de vos collaborateurs ? En tant que manager ou responsable, vous pouvez entreprendre différentes actions pour rétablir l’engagement et le bien-être au sein de votre équipe.

● communiquer : lorsque vous remarquez des signes de désengagement chez un collaborateur, organisez des discussions informelles pour aborder leurs préoccupations et frustrations. Créez un environnement où ils se sentent en confiance pour partager leurs sentiments et leurs besoins professionnels ;

● identifier les causes : lors de ces échanges, cherchez à identifier les raisons sous-jacentes de cette démission silencieuse. Il peut s’agir de problèmes personnels, de mal-être au travail ou de déséquilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Comprenez les défis auxquels ils sont confrontés pour pouvoir apporter des solutions ;

● reconnaître et valoriser le travail : le manque de reconnaissance est souvent l’une des causes principales du quiet quitting. Montrez à vos collaborateurs qu’ils sont appréciés et que leur travail compte. Valorisez leurs efforts et soulignez l’impact positif de leur travail sur l’équipe et l’entreprise. Une reconnaissance sincère peut aider à raviver leur motivation et leur engagement ;

● offrir des opportunités de développement : proposez une nouvelle opportunité professionnelle ou une formation, par exemple, pour stimuler l’ambition de vos collaborateurs. Montrez-leur qu’ils ont un avenir au sein de l’entreprise en les aidant à définir des objectifs clairs et atteignables. Investir dans leur développement personnel peut aider à renforcer leur engagement et leur fidélité ;

● améliorer la QVCT (Qualité de Vie et des Conditions de Travail) : l’amélioration de la qualité de vie au travail implique différentes mesures pour justement lutter contre le quiet quitting. Identifiez les aspects de l’environnement de travail qui peuvent être améliorés, tels que la charge de travail, les horaires flexibles, les espaces de détente, l’organisation d’ateliers en groupe comme la méthode DISC, par exemple. En créant un meilleur environnement de travail, vous favorisez le bien-être de vos collaborateurs et les encouragez à s’investir davantage ;

● remotiver et redéfinir les objectifs : engagez la discussion pour redéfinir les objectifs et les attentes de votre collaborateur. Impliquez-les dans la définition de leurs missions et responsabilités pour renouveler leur motivation. Encouragez-les à relever de nouveaux défis et à s’investir dans leur travail ;

● proposer des solutions adaptées : explorez des alternatives telles que des changements de mission, des ajustements d’horaires ou des programmes de soutien au bien-être. En offrant des solutions adaptées, vous leur montrez votre intérêt et soutien envers leur épanouissement professionnel.

En tant que manager, votre rôle est de créer un environnement de travail où les employés se sentent valorisés, écoutés et soutenus. Si vous adoptez une approche empathique et proactive, vous pouvez contribuer à remobiliser vos collaborateurs et à renforcer leur engagement envers l’entreprise.

Le phénomène du quiet quitting représente de plus en plus un défi pour de nombreuses entreprises. Pourtant, il doit être abordé avec une approche proactive et centrée sur l’humain. En identifiant les signes du désengagement silencieux chez vos collaborateurs et en mettant en place des mesures concrètes, vous pouvez faire face à cette problématique. Si pour cela vous avez besoin d’aide et souhaitez vous faire accompagner, n’hésitez pas à faire appel à mes services.

Je suis Miss Happy Work, responsable du bonheur en entreprise à Bordeaux et sa région. Mon rôle est d’aider les entreprises à cultiver un environnement de travail positif et épanouissant pour favoriser la motivation, la productivité et le bien-être des employés, au travers de mes accompagnements et de mes ateliers. Contactez-moi pour plus d’informations.